à Stephen Alexis
Je traînai le carrosse de Caradeux.
Dans une savane
sans femmes,
tout près de la Havane,
moi l’enfant fou des rudes voluptés
je dansai seul la première rumba.
Mes bras
étreignaient dans le soir
des tailles impossibles
qui rythmaient leurs appels
aux cliquetis de mes chaînes.
Je semai des douleurs aux sillons du souvenir.
Portant mes espoirs
en étendard,
Bolivar
vainquit les troupes espagnoles.
Je soutins le trône fragile
de l’empereur du Brésil
avec ces mêmes bras
dont Savannah
et Cuba
oublient le geste.
Mais, la boue des champs de bataille
et les sillons
des plantations
sont gonflés de mes douleurs fécondes.
Au bout de l’avenir,
j’ai des étoiles à cueillir,
Ah ! tremble, vieux monde magnifique et triste,
car voici le temps de ma récolte d’étoiles.
Publié pour la première fois dans le recueil Assaut à la nuit en 1940, ce poème de Roussan Camille, « Front Haut », est reproduit dans la nouvelle édition du recueil publié aux éditions Mémoire d’encrier (Montréal, 2003), pages 24-25.
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© 1940 Roussan Camille ; © 2003 Mémoire d’encrier
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