Poésies vol. 1, nº 3, pages 16-17 |
Exercices de séparation
je ramasse dans un havresac tout ce que je
trouve en moi
(version française par Ioan Lascu)
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Souvenir
c’était l’automne. les éléphants
transportaient en traînant
(Version française par Ioan Lascu)
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Brève histoire de l’univers
j’étais celui qui partais en quatre sens
simultanément
décidé à mettre du sel sur le cadavre du vent.
quelqu’un lisait page à page
le néant tout autour
des vautours blancs arrachaient les lettres du livre
et avec ces lettres se débattant à leurs griffes
ils passaient au-delà à travers l’obscurité en
lambeaux.
à l’attente de la balle qui
expulsée depuis des millénaires
se rendait vertigineusement et sans faute vers moi
je confondais
l’esprit avec l’esprit-de-vin
le coeur avec le nord
le ciel avec la terre
parmi les décombres de la mer
des hommes en uniformes noirs
traquaient le dernier son.
je voyais comme il mourait
sans pouvoir rien faire.
Le petit poème de la mort. Le commencement de Dieu
je ne sais pas si je suis mort. je ne sais pas si j’ai vécu. je ne sais pas si je suis né. je suis un amateur, un dilettante dans les choses de la mort. dans les choses de la vie. dans les choses du ciel. (je voudrais reproduire Dieu mais je n’ai pas l’oreille musicale – seul vient un poème cacophonique un rythme froissé une musique décapitée un vide dilaté. Dieu est plein de lumière. Dieu est la lumière même. une lumière insaisissable. Dieu est aveuglant et moi je ne comprends rien de lui je ne retiens rien de lui.) je hurle et je suis enterré dans le silence. ère de silence sur ère de silence se superposent au-dessus de moi. une petite vie dans un monde petit. un monde comme un point perdu parmi les fourmis qui paraissent géantes! c’est mon monde que je veux décrire, dont je serais le chroniqueur avec ses entrailles habitées par des soleils meurtriers et intraduisibles avec les lèvres brûlées dans le désert d’il y a deux millénaires.
le berçant désespérément du démon vers Dieu
un arbre désolé aux branches bercées par la mort
Gabriel Chifu
Poète et romancier, G. Chifu est né le 22 mars 1954 dans
la ville de Calafat, petit port du Danube. Il publie en
1976, un recueil de poésies À l’abri du cúur. A publié également aux États-Unis, en
Angleterre, en Italie, et en Yougoslavie, etc., dans des
revues et anthologies de poésie.
Il devient le rédacteur en chef de la revue
Ramuri, en 1991. Gabriel Chifu a reçu le Prix de
l’Union des Écrivains pour son roman Le Marathon des Vaincus ; et le Prix de
L’Union des Écrivains pour
Aux confins de Dieu.