Poésies vol. 1, nº 3, page 26 |
Raisins
À quoi bon continuer à écrire
Si nous ne sommes pas semblables à nos poèmes ?
Eminescu et Rilke. Byron et Voiculescu.
Fundoianu et Mandelstam y sont parvenus.
Raisins invisibles écrasés.
dans le pressoir du Temps.
S’ils sont incapables d’incarner leurs
images
Que reste-t-il aux poètes ?
Encres. rosée?
Grosses gouttes de sueur et l’internet ?
Mais par-dessus tout le sang lavant
le visage et les mains qui tiennent le livre.
Seul le battant des artères pénètre
au plus profond de la pierre
Et des fibres tendres du bois.
La couleur du sang est seul à survivre au temps.
Éloge du sel
J’ai goûté le sel italique
J’ai même visité dans la cathédrale
Agneau. m’ont charmé les mottes irisées
Je l’ai répandu en chantant son éloge
Le grain de sel sur les toits du monde brillait
brillait
Le sel de la terre
(Version française par Mihai Zaharia)
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Adrian Popescu
A. Popescu est né le 24 mai 1947 à Cluj. Il a fait des
études de filologie à l’Université de Cluj. Poète,
essayiste et rédacteur à la revue littéraire de Cluj,
Steaua. Il a publié de nombreux recueils de
poèmes dont Le feu et la fête, 1975;
Les Banlieux du ciel, 1982, Sans âge,
1998. Ses textes ont paru en français, hongrois,
macédonien et allemand. Essayiste, il a publié
La Poésie de Radu Gyr, 1995. Il est finaliste du
Premio europeo Antonietta Drago, Roma, 1996.